mercredi, 11 janvier 2017 08:43

Retour sur l’évaluation par le CGEDD des conditions de mise en œuvre des réformes de l’ATESAT et de l’ADS dans les services

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cgeddLes décisions engagées il y a près de trois ans de mise en extinction de l‘assistance technique pour des raisons de solidarité et d’aménagement du territoire (ATESAT) et de redéfinition du périmètre en matière de mise à disposition pour l’application du droit des sols (ADS) avec simultanément reconfiguration de la filière, ont nécessité, pour leur mise en œuvre, une forte implication des services concernés et le repositionnememt de nombreux agents.

Au moment où ces processus arrivent à leur terme, la Ministre du Logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité, Sylvia PINEL, a souhaité qu’il soit procédé à une évaluation des conditions de leur mise en œuvre, au regard, tant des dispositifs mobilisés que des reconfigurations et des repositionnements d'agents auxquels ils ont conduit. C'est lors du comité technique ministériel budgétaire du 1er octobre 2015 qu'elle a annoncé qu'elle confiait au Conseil général de l'écologie et du développement durable (CGEDD) le soin de procéder à cette évaluation et que les organisations syndicales y seraient associées.

La mission avait pour objet l’évaluation des conditions de mise en œuvre dans les services de la suppression de l’ATESAT, dans la continuité de la fin de l’ingénierie publique, d’une part, et de la redéfinition des missions ADS, reprises pour une large part par les collectivités territoriales, d’autre part. Ces deux réformes s’inscrivaient dans la poursuite de la décentralisation et dans une politique affirmée de réduction des effectifs des ministères concernés.

Elles avaient des objectifs différents, mais aussi de nombreux points communs essentiellement liés à leurs répercussions sur la diminution des effectifs, les pertes de compétence qu’elles pouvaient créer et le climat social induit au sein des services, mais aussi par la réorganisation territoriale qu’elles imposaient.

Aujourd’hui ces réformes arrivent à leur terme et le bilan de leur mise en place est globalement positif. Cette réussite n’exclut pas un certain nombre de faiblesses et d’interrogations.

Les réformes de l’ATESAT et de l’ADS, en ce qui concerne les personnels, ont été menées dans de bonnes conditions par les services du ministère. Tant au niveau national, qu’au niveau local, les équipes RH se sont fortement mobilisées et des dispositifs d’accompagnement diversifiés et complémentaires ont été mis en place, ce qui a permis de repositionner les agents concernés dans des conditions que la mission juge satisfaisantes, compte tenu de l’ampleur des réformes.

Il n’empêche que les répercussions humaines, psychologiques et sociologiques, de ces réformes, ont été sous-estimées. La mission a mis en évidence un climat social où la résignation, le découragement et la perte de confiance dans l’avenir de nos ministères prennent une place croissante. Il faudra y apporter des réponses concrètes.

De plus, il ne faut pas en inférer que ces réformes soient totalement achevées à ce jour, elles conduisent aussi nécessairement à s’interroger sur le rôle de l’Etat dans les territoires.

La « filière ADS » continue à se justifier, au moins pour trois raisons :

  • l’Etat reste garant de l’application des lois, et en particulier du code de l'urbanisme et se doit donc d’apporter les conseils nécessaires aux collectivités locales dans des conditions à définir plus précisément ;
  • si les personnels du ministère continuent à traiter de la fiscalité de l’urbanisme, les procédures devraient être simplifiées et automatisées ;
  • dès lors que certaines préfectures confient le contrôle de légalité aux directions départementales des territoires, mission essentielle pour une application effective de la loi, ces directions ont besoin de maintenir des personnels compétents et d’établir un plan de contrôle pour dissuader les « contrevenants ».

La suppression de l'ATESAT ne signifie pas que les services de l’État n’ont plus de rôle en matière d'expertise au profit des collectivités, comme l’a précisé le Président de la république dans son discours au congrès des maires en 2012. Il convient maintenant d'assurer une application pratique de cette orientation dans les directions départementales, sur la base du « nouveau conseil aux territoires ».

Enfin, les tentatives de repositionnement des agents concernés par ces réformes ont montré toutes les difficultés à passer d’une fonction publique à une autre et même, plus simplement, d’un ministère à un autre. Les modalités des rémunérations et des régimes indemnitaires sont sources d’incompréhension pour les agents, entre la fonction publique territoriale et l’Etat, entre le ministère de l’agriculture et le MEEM. La mission a pu relever un sentiment d’injustice au vu des différences de rémunération, pour un même travail effectué...

Un réel travail interministériel est urgent, nécessaire, pour améliorer cette situation, et rendre possibles et effectives les mobilités.

Pour l’UNSA, voilà des conclusions lucides qui, nous l’espérons, éclairent les décideurs sur les conséquences des réformes menées à marche forcée et les incitent à déployer systématiquement des mesures d’accompagnement adaptées au profit des personnels qui œuvrent, au quotidien, pour maintenir et valoriser l’action de l’Etat dans les territoires.

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